Contexte et déroulement de la capture de Jeanne d'Arc le 23 mai 1430
Le 23 mai 1430, Jeanne d'Arc, malgré l'opposition de Charles VII, décide de poursuivre l'offensive contre les Anglais et les Bourguignons. Forte de son brevet de "chef de guerre", elle apprend que l'armée du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, met le siège devant Compiègne. Animée par sa vaillance reconnue même par ses ennemis, Jeanne se lance dans l'action.
Âgée de dix-huit ans, Jeanne d'Arc ne se plaisait qu'en compagnie des gens de guerre. Elle appréciait leur droiture, leur loyauté et dédaignait les intellectuels et les théologiens. Elle était considérée comme experte dans l'art de la guerre, capable de manier la lance, de rassembler une armée, d'organiser les batailles et de disposer l'artillerie.
Après plusieurs victoires, dont la célèbre bataille de Patay le 18 juin 1429, Jeanne mène le roi Charles VII jusqu'à Reims pour son couronnement le 17 juillet 1429. Cependant, le roi décide de se retirer sur la Loire et de négocier avec les Bourguignons et les Anglais, ce qui contrarie les projets guerriers de Jeanne. Des divergences apparaissent entre les patriotes résolus, soutiens de Jeanne d'Arc, et les partisans de la paix, représentés par Regnault de Chartres, chancelier de Charles VII.
Le 28 mars 1430, mécontente des discussions incessantes avec le roi et ses conseillers, Jeanne quitte Sully-sur-Loire sans leur accord et se dirige vers Lagny-sur-Marne pour continuer le combat contre les Anglais. Elle enfreint ainsi les conventions établies avec les Bourguignons, ce qui marque un tournant dans la relation entre Jeanne et Charles VII.
Pendant son périple vers Lagny, Jeanne et sa compagnie rencontrent Franquet d'Arras, un chef de guerre bourguignon redoutable. Jeanne l'attaque, le vainc, le fait prisonnier et lui coupe la tête. Ce combat, qui a eu lieu en mars 1430, souligne les talents de commandante de Jeanne d'Arc, qui dirige avec succès sa propre petite armée.
Par la suite, Jeanne se trouve à Crépy lorsqu'elle apprend que l'armée du duc de Bourgogne met le siège devant Compiègne. Les habitants de Compiègne, commandés par Guillaume de Flavy, refusent de se rendre aux Anglais et aux Bourguignons malgré les injonctions de Charles VII.
Le 22 mai 1430, vers minuit, Jeanne rassemble ses hommes et chevauche jusqu'à l'aube avec sa compagnie composée d'environ trois à quatre cents hommes. Le lendemain matin, le 23 mai, elle arrive à Compiègne et franchit les ponts-levis de la ville.
Les Anglo-Bourguignons apprennent l'entrée de Jeanne d'Arc à Compiègne et anticipent une sortie de sa part contre les assiégeants. Ils organisent des escarmouches dans les prairies humides bordant la ville sur la rive droite de l'Oise.
Malgré la fatigue, Jeanne, vêtue de son armure en plates d'acier, monte à nouveau sur son destrier gris de fer après un bref repos. Elle porte une magnifique huque en velours cramoisi battu d'or par-dessus son armure. Jeanne aimait les belles tenues et le roi lui avait fourni tout ce dont elle avait besoin.
Les forces Anglo-Bourguignonnes, dirigées par Jean de Luxembourg, avaient tendu une embuscade en amont de la ville, au nord de Clairoy, et en aval de la ville à Venette. Ils avaient ainsi bloqué les retraites possibles pour les troupes de Jeanne d'Arc.
Jeanne, accompagnée de ses hommes, traversa le pont reliant la ville à la rive droite de l'Oise et attaqua avec fougue les Anglo-Bourguignons. Une lutte acharnée s'engagea dans les premières hauteurs du plateau de Picardie. Malgré la brume qui rendait l'horizon indistinct, Jeanne se montra d'une bravoure exceptionnelle, galvanisant ses compagnons avec sa voix ardente.
Pendant ce temps, les Bourguignons, embusqués au Mont-Ganelon, se déployèrent silencieusement et se glissèrent le long de la rivière pour couper la retraite des Français vers la ville. Les soldats français, voyant la manœuvre ennemie, crièrent à Jeanne de recouvrer la ville pour éviter une défaite totale. Cependant, Jeanne, déterminée, les enjoignit de continuer à frapper l'ennemi. Elle se lança en avant, mais son écuyer, le fidèle d'Aulon, retint son cheval et l'obligea à revenir vers le pont.
Jeanne se battit vaillamment, toujours à la tête du front lors des attaques, et resta en arrière pour couvrir la retraite de ses compagnons. Les Français se replièrent vers la ville, mais Jeanne et quelques fidèles se retrouvèrent isolés dans la plaine. Guillaume de Flavy, qui était aux commandes de la ville, ordonna de relever le pont-levis pour protéger la ville. Jeanne, avec quelques partisans, resta ainsi exposée et fut capturée par les ennemis.
Elle fut amenée devant Jean de Luxembourg, qui la vendit ensuite aux Anglais pour une somme de 10 000 écus d'or, soit l'équivalent de plus de 3,2 millions d'euros actuels. Cette capture marqua un tournant dans la vie de Jeanne d'Arc, qui fut ultérieurement condamnée à être brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431.
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